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Auguste RODIN (1840-1917)

Nadar, Photographie d’Auguste Rodin, 1891 (Wikimedia Commons).
Robert MacCameron, Auguste Rodin, 1910 (New York, The Metropolitan Museum of Art).

Auguste Rodin, le « titan de la sculpture » nait à Paris en 1840. Entouré de ses deux sœurs, il grandit au sein d’une famille aisée implantée dans le 5ème arrondissement de Paris où il y suivra péniblement, jusqu’à ses 14 ans, sa scolarité, impactée par sa forte myopie non détectée.

Plus enclin à griffonner des dessins sur des cahiers, ses parents l’inscrivent en 1854 à la Petite ÉcoleLecoq de Boisbaudran, professeur d’exception, y priorise une méthode qui consiste à préserver la sensibilité de chaque élève en l’encourageant à utiliser sa mémoire visuelle. Un an plus tard, sa vocation se révèle lorsqu’il pousse la porte du cours de sculpture d’Antoine-Louis Barye.

La formation

A cette même période, Rodin fréquente assidument le Louvre où il copie les antiques avant de se rendre, en soirée, aux cours de dessins d’Hippolyte Lucas à la manufacture des Gobelins pour y travailler le nu. Il dévore également les ouvrages des grands auteurs et se forge une culture littéraire considérable, les romantiques recevant ses faveurs.

En 1857, il quitte la Petite École, fort d’un talent reconnu par ses professeurs. Confiant, il tente à trois reprises de passer le concours d’entrée de sculpture à l’École des beaux-arts. Il y est refusé à chaque fois en raison de son style considéré comme non-conforme aux traditions néo-classiques, alors la norme. Résigné, il est contraint de travailler pour se nourrir.

Les premières années

De par sa formation d’artisan ornemaniste reçue à la Petite Ecole, Rodin s’intègre dans le monde professionnel, marqué par l’empreinte Haussmannienne qui est en train de transformer Paris. Il évolue alors dans différents ateliers de sculpteurs où il peaufine la science du modelage.

En 1870, Rodin accompagne le sculpteur belge Antoine-Joseph Van Rasbourgh à Bruxelles, où il participe aux travaux de décoration de la Bourse du Commerce. Il y séjourne finalement durant 6 ans, contribuant, entre autres, à la réalisation du décor du palais des Académies à Bruxelles.

À cette époque, Rodin vit en couple avec Rose Beuret, ouvrière couturière, initialement son modèle mais qui restera, et ce malgré la vie sentimentale tourmentée du sculpteur, sa compagne attitrée et la mère de son fils. En parallèle, le sculpteur met au point sa démarche de présenter trois fois la même sculpture dans des expositions différentes et ce, en trois techniques différentes : terre cuite, plâtre et marbre.

A. Rodin, Madame Crachet, (Bruxelles, Musée d’Ixelles, don Léon Gauchez).

Le succès

Et, en 1877, après une très longue et laborieuse période d’anonymat et de précarité, son audace paie enfin. En exposant le « scandaleux » Age d’airain, à la fois au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles et au Salon des artistes français de Paris, le succès est retentissant et amorce les quarante prochaines années de carrière de Rodin tout en marquant le début de sa fortune.

Sa notoriété soudaine lui permet de décrocher ses premières commandes prestigieuses dont La porte de l’enfer, le penseur... S’ensuivront pendant 20 ans, des centaines de réalisations hyper réalistes, influencées au départ par l’héritage classique, et n’obéissant par la suite qu’aux propres règles de l’artiste alternant les différents matières et supports d’expression, ce qui lui vaut d’être reconnu comme le père de la sculpture moderne.

En effet, Rodin révolutionne cet art par l’expressivité des formes, des sentiments, de la sensualité et du soin apporté à restituer l’émotion. Il participe à l’invention d’un style en développant de nouvelles techniques de sculpture comme l’assemblage ou la fragmentation, en totale rupture avec l’académisme d’alors.

La relation avec Camille Claudel

A. Rodin, Les bourgeois de Calais,1884-1895, Calais, place de l’hôtel de ville (© Lionel Allorge, Wikimedia Commons).

Rodin plait autant qu’il choque, et sa passion avec sa jeune élève Camille Claudel viendra échauffer encore davantage les esprits de ses contemporains.

En 1882, Rodin remplace Alfred Boucher comme professeur d’un groupe de jeunes sculptrices dont fait partie Camille Claudel. 24 ans les séparent mais l’élève, vite devenue modèle et maîtresse de Rodin, se montre excellemment douée. Le sculpteur reconnait en elle une artiste à part entière et lui confie rapidement la coréalisation de commandes, notamment pour l’État, comme le groupe des Bourgeois de Calais.

La proximité stylistique des deux artistes au cours de cette période est telle qu’il devient facile de confondre la main de Claudel avec celle de son maître dans les œuvres de Rodin auxquelles elle collabore en tant que praticienne. La sculptrice traite à merveille le modelé, appréhende les formes et retranscrit dans la matière les caractères de la condition humaine tel que Rodin le lui a enseigné.

Leur « furieuse idylle » et leur collaboration durera 10 ans. Camille, lasse d’attendre un engagement officiel de Rodin, rompt. Leur séparation marque doucement le déclin artistique de la jeune femme qui, pour se libérer de son maître, se distingue et innove dans des compositions artistiques « Croquis d’après-nature » qui se vendent sur les marchés de l’art. Camille sera notamment soutenue et proche du critique d’art Léon Gauchez. Elle entamera une guerre lasse envers Rodin, l’accusant notamment d’avoir spolié son talent et gâché sa jeunesse.  Elle finira par sombrer dans la folie et être internée dans un asile où elle décédera en 1943.

La consécration

En 1900, Rodin magnifie, à ses frais, l’ensemble de ses œuvres en les exposant dans un pavillon sur la place de l’Alma en marge de l’Exposition universelle de Paris, ce qui lui vaut une consécration internationale. Il est d’ailleurs nommé chevalier de l’ordre de Léopold de Belgique. En 1916, il réalise trois donations successivement à l’Etat français : 7000 sculptures, 7500 dessins et 8000 photographies. Il meurt dans sa résidence de Meudon en 1917 après avoir, au crépuscule de sa vie, finalement épousé Rose Beuret.

Jardin du Musée Rodin, Paris, (© Douglas O’Brien, Wikimedia Commons).

Bibliographie

BULEY-URIBE, C. – DELCLAUX, M.-P. – HERPIN, H. –MARRAUD, H.

  • 2002, L’ABCdaire de Rodin, Paris.

LE NORMAND-ROMAIN, A.

  • 1997, Rodin, coll. Tout l’art, Monographie, Paris.

SENECHAL, P. – BARBILLON, C. (dir.)

  • Mise à jour le 19 décembre 2008, LE NORMAND-ROMAIN, A., Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale.

Cet artiste est exposé dans le cadre de notre exposition « Une promenade picturale de Dürer à Tiepolo. Quartiers d’été du Musée d’Ixelles ». Plus d’informations ici.

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